
LE 25 JANVIER 1816
Fête de la conversion de saint Paul
Jour anniversaire de la fondation de la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée
par Hervé Aubin, OMI
L’arrivée au Canada
Ayant été lui-même saisi par le Christ, l’abbé de Mazenod avait développé par la suite un profond souci de faire connaître le Sauveur. Il déplorait que les gens pauvres n’étaient pas rejoints par la pastorale de l’époque. Il se disait : « […] l’Évangile doit être enseigné à tous les hommes, et il doit être enseigné de manière à être compris. Les pauvres, portion précieuse de la famille chrétienne, ne peuvent être abandonnés à leur ignorance. Notre divin Sauveur en faisait tant de cas, qu’il se chargea lui-même du soin de les instruire. Et il donna pour preuve que sa mission était divine que les pauvres étaient enseignés : “Pauperes evangelizantur” » (Mt 11, 1). (Notes d’introduction à une série d’instructions, dans Mon nom est Eugène, p. 42)
Il rêvait de former une équipe de prédicateurs de missions (grandes retraites). Dans ce but, il recherche des compagnons prêtres qui ont à cœur d’être « des hommes intérieurs, des hommes vraiment apostoliques ». « Il faut que nous soyons franchement saints nous-mêmes. Ce mot comprend tout ce que nous pourrions dire… Nous voulons choisir des hommes qui aient la volonté et le courage de marcher sur les traces des apôtres. Il n’est pas aisé de rencontrer des hommes qui se dévouent et veuillent se consacrer à la gloire de Dieu et au salut des âmes, sans autre profit sur la terre que beaucoup de peines et tout ce que le Sauveur a annoncé à ses véritables disciples. » (Lettre à l’abbé Tempier, 9 octobre 1815)
Les difficultés ne lui manqueront pas. Mais il ne se laisse pas abattre : « …la pensée que nous parviendrons, malgré les obstacles, à travailler ensemble à la gloire de Dieu et à notre sanctification me soutient, au milieu de tous les chagrins que l’enfer m’a suscités depuis que je prépare de bonnes batteries pour détruire son empire. » (Lettre à l’abbé Tempier, 13 décembre 1815)
L’annonce de la fondation de la Société des Missionnaires de Provence (premier nom de la Congrégation) fut faite le 2 octobre 1815, mais ce n’est que le 25 janvier 1816 que les abbés de Mazenod, Tempier et probablement Icard se trouvèrent réunis dans l’ancien monastère du Carmel d’Aix-en-Provence pour y entreprendre la vie commune. Dans un texte de l’année suivante, saint Eugène de Mazenod décrit bien l’esprit de l’institut qu’il vient de fonder : « Nous sommes, ou nous devons être, de saints prêtres qui s’estiment heureux, et très heureux de consacrer leur fortune, leur santé, leur vie au service et pour la gloire de notre Dieu. […] Notre Seigneur Jésus-Christ nous a laissé le soin de continuer le grand œuvre de la rédemption des hommes. C’est uniquement vers ce but que doivent tendre tous nos efforts; tant que nous n’aurons pas employé toute notre vie et donné tout notre sang pour y réussir, nous n’avons rien à dire; à plus forte raison quand nous n’avons encore donné que quelques gouttes de sueur et quelques minces fatigues. Cet esprit de dévouement total pour la gloire de Dieu, le service de l’Église et le salut des âmes, est l’esprit propre de notre Congrégation, petite il est vrai, mais qui sera toujours puissante, tant qu’elle sera sainte. » (Lettre à l’abbé Tempier, 22 août 1817)

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